Contestation de la Pornographie : Débats et Positions
À partir de la fin des années 1970, des groupes de féministes radicales, comme Women Against Pornography, se forment pour sensibiliser le public aux dangers de la pornographie. Ils organisent des événements tels que des projections de films, des discours et des visites guidées de l'industrie du sexe à Times Square afin de mettre en lumière les messages et les représentations véhiculés par la pornographie.
Les Voix Féministes contre la Pornographie: Le Cas de Linda Lovelace et au-delà
La publication de "L'Épreuve" présente des arguments féministes contre la pornographie. Linda Boreman, connue sous le nom de Linda Lovelace dans le film "Gorge profonde", affirme avoir subi des abus physiques, verbaux et psychologiques de la part de son mari, Chuck Traynor. Elle décrit des scènes de violence et de contrainte, y compris des allégations de participation forcée à des actes sexuels avec un chien. Cependant, des controverses surgissent quant à la véracité de ses affirmations, notamment dans le documentaire "Inside Deep Throat".
Des féministes telles que Dworkin, MacKinnon et les membres de Women Against Pornography expriment leur soutien à Linda Boreman et utilisent son témoignage pour élargir le débat sur la pornographie. Elles mettent en lumière les abus et les injustices présumés dans l'industrie pornographique, en se fondant sur les expériences d'autres actrices comme Traci Lords et sur des œuvres féministes récentes telles que "Power Surge: Sex, Violence and Pornography" de Susan Cole.
Catharine MacKinnon propose une question clé pour évaluer l'exploitation des femmes dans l'industrie pornographique : si l'argent n'était pas un facteur, les femmes choisiraient-elles de travailler dans ce secteur? Cependant, certains critiques soulignent que ce critère pourrait s'appliquer à d'autres domaines sans nécessairement aboutir à des conclusions différentes.
Lois et Débats : L'Opposition Féministe à la Pornographie aux États-Unis
Certaines féministes opposées à la pornographie, notamment Andrea Dworkin et Catharine MacKinnon, recommandent l'adoption de lois permettant aux femmes victimes d'agressions sexuelles ou de préjudices liés à la pornographie de poursuivre les producteurs en justice. Elles ont élaboré l’Antipornography Civil Rights Ordinance, qui a été voté deux fois en 1983 par la ville de Minneapolis. Cependant, le maire Donald Fraser a opposé son veto, arguant du manque de moyens pour défendre la constitutionnalité de la loi en Cour. Cette loi a été adoptée par la ville d'Indianapolis en 1984, sous l'approbation de son maire William Hudnut, ainsi qu'à Bellingham, Washington, en 1988, mais a été jugée inconstitutionnelle à chaque fois par les tribunaux d'État et la Cour fédérale. En 1986, la Cour suprême des États-Unis a confirmé les décisions des autres tribunaux concernant le cas d'Indianapolis sans formuler de commentaire.
La question de la législation anti-pornographie
Bien que de nombreuses féministes opposées à la pornographie soutiennent ces initiatives législatives, d'autres, telles que Susan Brownmiller, Janet Gornick et Wendy Kaminer, s'y opposent. Elles estiment que ces campagnes risquent d'être rejetées par les tribunaux, qu'elles portent atteinte au principe de liberté d'expression et qu'elles détournent des ressources qui pourraient être consacrées à des campagnes d'éducation et à des actions directes contre la pornographie.
De nombreuses militantes féministes, se définissant comme radicales sur les questions de sexualité, telles que Ann Simonton, Nikki Craft et d'autres membres du mouvement Media Watch, sont confrontées à des problèmes juridiques pour exhibition lors de leurs actions de dénonciation de la pornographie. Elles mettent en œuvre des principes de désobéissance civile envers l'industrie pornographique en déchirant des exemplaires de magazines présentant des scènes violentes qu'elles estiment dépeindre le viol comme un divertissement sexuel. Elles rejettent les représentations de la sexualité illustrées dans des magazines tels que Hustler et Penthouse.
La controverse de la décision Butler
En 1992, la Cour suprême du Canada, dans le jugement R. contre Butler également connu sous le nom de "décision Butler", suscite des critiques en intégrant des éléments des travaux de Dworkin et de MacKinnon dans les lois canadiennes sur l'obscénité. La Cour affirme dans ce jugement que la loi actuelle, fondée sur des critères de moralité ou de décence sociale, viole le droit à la liberté d'expression tel qu'exprimé dans la Charte canadienne des droits et libertés. Pour être conforme à la constitution canadienne, la loi devrait se fonder sur les principes de la Charte garantissant l'égalité des sexes. Le jugement de la Cour, avec la collaboration de MacKinnon, reprend de nombreux éléments des textes préparés par le mouvement Women's Legal Education and Action Fund (LEAF). Andrea Dworkin s'oppose aux positions de la LEAF en affirmant que les féministes ne devraient pas appuyer la loi sur l'obscénité ni chercher à réformer le droit criminel sur la question.
Affaires Légales et Tensions : Pornographie au Canada
Les tensions entre les féministes opposées à la pornographie et leurs détracteurs se renforcent lorsque le gouvernement canadien engage des poursuites contre la librairie gay Glad Day Bookshop, basée en Ontario, en invoquant pour la première fois la décision Butler. La librairie est accusée d'avoir vendu un magazine sado-masochiste lesbien, Bad Attitude.
En 1993, des exemplaires du livre Pornography: Men Possessing Women d'Andrea Dworkin sont saisis par des douaniers canadiens pour inspection. Cette situation a engendré la légende selon laquelle les livres d'Andrea Dworkin auraient été interdits par une loi qu'elle aurait elle-même promue. Il est important de noter que la décision Butler ne reflète pas l'intégralité du contenu des travaux de Dworkin, et que l'auteure elle-même ne soutient pas cette décision. Les livres, qui ont été rendus peu après l'inspection, ont été saisis dans le cadre d'une procédure d'inspection habituelle, sans lien direct avec la décision Butler.
Les luttes du féminisme radical contre la pornographie
À la fin des années 1970, le Royaume-Uni connaît également un mouvement de féminisme radical s'opposant à la pornographie. Des groupes tels que Women Against Violence Against Women et Angry Women, entre autres, manifestent contre l'utilisation d'images à caractère sexuel dans la publicité et le cinéma. Certains membres de ces groupes vont même jusqu'à incendier des boutiques érotiques. Cependant, ce mouvement est de courte durée et est confronté à des contre-manifestations de femmes noires et handicapées, qui estiment que la pornographie est un problème qui concerne principalement la classe moyenne blanche, ignorant ainsi les discriminations subies par les femmes noires et handicapées.
Depuis le mouvement #MeToo, un regain de mobilisation contre la pornographie émerge dans différents pays. En France, sous l'impulsion de la féministe Solveig Halloin, le mouvement Balance Ton Porn a vu le jour.
Le Mouvement #MeToo : Une Révolution Culturelle Mondiale
Le mouvement #MeToo est un mouvement social mondial qui a émergé en octobre 2017 à la suite des allégations d'inconduite sexuelle contre le producteur hollywoodien Harvey Weinstein. Lancé par l'activiste Tarana Burke et popularisé sur les réseaux sociaux par l'actrice Alyssa Milano, le hashtag #MeToo a rapidement pris de l'ampleur, devenant un phénomène mondial.
La Genèse du Mouvement #MeToo : Sensibilisation et Dénonciation des Abus Sexuels
Le but initial du mouvement #MeToo était de sensibiliser et de dénoncer le harcèlement sexuel, les agressions sexuelles et les abus de pouvoir, en particulier dans les milieux professionnels, mais aussi dans la société en général. De nombreuses femmes (et hommes) ont partagé leurs expériences personnelles d'agression sexuelle ou de harcèlement, souvent pour la première fois, donnant lieu à un débat public intense sur la culture du silence et de la tolérance envers de tels comportements.
Le mouvement #MeToo a eu un impact significatif à plusieurs niveaux :
1. Prise de conscience : Il a contribué à sensibiliser le public aux problèmes de harcèlement sexuel et d'abus de pouvoir, mettant en lumière la fréquence de ces comportements dans divers contextes sociaux et professionnels.
2.Changement culturel : Il a remis en question les normes sociales et les attitudes qui minimisaient ou toléraient le harcèlement et l'agression sexuelle, encourageant un dialogue ouvert sur ces questions et promouvant une culture du consentement et du respect mutuel.
3.Responsabilisation : Le mouvement a encouragé les victimes à parler, à se soutenir mutuellement et à tenir les agresseurs et les harceleurs responsables de leurs actes. Il a également incité les entreprises, les institutions et les gouvernements à prendre des mesures plus sérieuses pour prévenir et combattre le harcèlement sexuel.
4. Effets dans divers secteurs : Le mouvement #MeToo a eu des répercussions dans divers domaines, y compris le divertissement, la politique, les médias, les entreprises, le sport et même les institutions religieuses, avec de nombreux individus et organisations confrontés à des accusations et à des conséquences liées à des comportements inappropriés.
5.Débats et critiques : Le mouvement #MeToo a également suscité des débats et des critiques, notamment sur les questions de justice, de procès équitable, de l'impact des accusations sur la réputation des personnes concernées, et sur la nécessité d'équilibrer la présomption d'innocence avec le soutien aux victimes.
Les Répercussions Durables de #MeToo
Dans l'ensemble, le mouvement #MeToo a eu un impact profond et durable sur la société, en mettant en lumière des problèmes longtemps ignorés ou minimisés, et en inspirant des actions et des changements positifs pour promouvoir des environnements plus sûrs, plus équitables et plus respectueux pour tous.
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